La personne Asperger

6 principes fondamentaux

1. La disponibilité émotionnelle

Les origines communes des émotions et de l’intelligence exigent que soient réunis ces processus mentaux décrits comme cognitifs et ces qualités dites émotionnelles. Trop souvent reléguées au second plan, généralement ignorées par les modèles cognitifs, les émotions constituent des vecteurs puissants d’organisation mentale pouvant favoriser, orienter ou bloquer l’ensemble de l’activité mentale.

Le programme autisme-cognitif destiné à la personne Asperger ne peut se mettre en place sans son consentement et sa disponibilité. Une fois ce lien établi et après avoir pris connaissance des défis personnels, quelques enseignements sur les émotions seront transmis. Il sera abordé les notions de forces des émotions et de l’intelligence avec la nécessité du dialogue entre ces deux entités. Le modèle de référence étant le modèle cognitif avec l’appui d’auteurs reconnus. L’approche est non thérapeutique, l’apprentissage est toujours au cœur du changement. Pour beaucoup de personnes Asperger, l’enrichissement du territoire des émotions est délicat et compliqué mais permet sur le long terme un développement de la personne plus harmonieux et équilibré.    

2. Le modèle cognitif

Le modèle cognitif en autisme a été développé par Roland Hifler. Il a la particularité d’être centré sur les processus en lieu et place des contenus et d’être basé sur l’apprentissage. Le programme cherche en premier à donner une lecture de compréhension à la personne Asperger pour qu’elle puisse être reconnue dans les défis qu’elle rencontre. L’interprétation n’est pas analytique mais liée aux particularités du traitement de l’information du cerveau qui génèrent une compréhension atypique des relations humaines, de l’expression des sentiments et de la capacité à entrer dans une réciprocité émotionnelle. On parle de trouble de l’extraction de sens ou de la cohérence centrale. Le modèle cognitif propose une approche très progressive, empathique, respectueuse et individualisée avec des entrainements en situation et le développement de la capacité de décodage. Aucun élément de forcing n’est engagé. La personne reste pilote (principe 4). Les choses se font par petits pas successifs.  

3. La personne asperger est en premier une personne

Deux modèles coexistent aujourd’hui dans la littérature. Le premier modèle valorise en premier la personne elle-même. L’autisme est secondaire et ne peut se substituer à son identité. Nous valorisons cette approche et nous ne souhaitons pas entrer dans un clivage entre autisme et personne neurotypique ou dans la norme. Le deuxième modèle défend une identité « autistique » et souhaite s’affirmer en tant que telle. Si nous avons choisi en premier la personne, c’est que nous cherchons à bâtir des ponts entre elle et nous. Nous voulons que les adaptations deviennent réciproques. Le chemin et la rencontre doivent aller dans les deux directions. 

4. Le pilotage des conduites 

Il s’agit du principe que la personne asperger reste pilote dans les processus de décision et les actions. Il est pilote de sa vie. Quant à nous, nous allons prendre le rôle secondaire, mais indispensable de copilote. Cette position secondaire de l’intervenant ne s’apparente en aucun cas à une position passive ; bien au contraire, nous devons pouvoir exprimer en tout instant nos inquiétudes, des suggestions de corrections, de permettre à la personne d’utiliser plus de données et de faire des liens. Il s’agit d’éviter des incohérences pouvant affecter le résultat final d’un projet. L’art du copilote est difficile mais nécessaire pour apprendre à la personne asperger à prendre en compte plus de paramètre, à sortir d’une vision limitée, blanc ou noir des choses risquant de se retourner contre lui dans un deuxième temps. 

5. L’extraction de sens

Le principe d’enrichissement de l’extraction de sens prend encore plus son utilité avec la personne asperger. Les situations de la vie devenant toujours plus complexes et variées pour elles (vie de famille, relation conjugale, éducation des enfants, activité professionnelle, dynamique sociale, …). Le travail de comprendre et de donner du sens aux choses devient donc fondamental. Plusieurs outils pédagogiques sont utilisés à cet effet. Discussion de situations réelles et enrichissement des connaissances, lecture de scénario sociaux, mise en lien des idées, lecture et compréhension de textes, documentaires et pièces de théâtres, cours par thématique (l’amitié, les rapports de travail, l’harmonie dans les relations conjugales, le respect, le développement des sentiments, etc…), travail de coopération sociale.       

6. Les conduites adaptées aux buts

Ce principe se définit par l’importance pour la personne asperger d’effectuer le plus possible des conduites en accord avec des buts. Il s’agit pour elle de maintenir un but clair dans son champs mental, d’assurer que l’ensemble des données soient intégrées dans les processus de décision et d’appliquer des corrections souples pour que le traitement et les réponses soient les mieux adaptées. Nous allons l’aider dans la prise d’information, de faciliter dans la prise en compte des éléments pertinents nécessaires, de faciliter la régulation et l’organisation des actions. La finalité est l’utilisation de conduites adaptées à la réalisation d’un but. La question de cohérence est centrale dans ce travail.

 

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