Comprendre le modèle cognitif
La préoccupation première de l’éducation de la personne avec autisme est de pouvoir offrir un programme pédagogique et thérapeutique permettant de réduire au plus les effets dévastateurs du handicap sur l’organisation cérébrale, de soutenir la personne dans l’acquisition d’un fonctionnement de pensée mieux adapté, de l’aider à s’approprier des savoirs fonctionnels et de transmettre des outils pratiques à la famille dans un travail de collaboration réciproque.
Qu’il s’agisse du besoin d’acquérir un outil de communication, de mieux réguler les émotions, d’intégrer des informations pour construire une connaissance, ou simplement de faire des apprentissages fonctionnels, les personnes avec autisme nécessitent une structure hautement spécialisée. Si plusieurs modèles d’intervention existent et ont contribué à une amélioration significative de la qualité de vie de ces personnes, nos connaissances sur le handicap, les atteintes cérébrales de l’autisme et ses effets sur le développement, nous amènent à élaborer des démarches cliniques toujours plus performantes.
La révolution cognitive transforme progressivement l’image de la psychologie et de l’éducation. Des résultats encourageants ont été obtenus par les thérapies cognitives dans un grand nombre de pathologies et d’inadaptations. L’éducation a aussi été influencée par cette révolution en offrant des outils pédagogiques mieux adaptés à l’apprentissage. En examinant les troubles cliniques répertoriés de l’autisme (déficit de l’intégration sensorielle, difficulté d’extraire le sens, troubles de la régulation émotionnelle, perturbation de la communication et du langage, altération des conduites sociales, perte de l’intentionnalité), le modèle cognitif nous apporte des réponses et des outils de travail novateurs et performants. C’est dans cette voie que notre centre spécialisé en autisme à vu le jour et que les programmes ont été développé.
Le sens du mot cognitif ?
L’usage du terme cognitif suppose que l’on s’y arrête. En effet, ce terme revêt une signification différente selon les auteurs et les modèles théoriques proposés. Ce qui est dit cognitif peut représenter les facultés de l’intelligence (le langage, la pensée, le raisonnement logique, la capacité d’apprendre) qui se distinguent des émotions et du ressenti. Mais le terme cognitif définit également une faculté du cerveau à traiter, organiser des informations provenant des sens ou de l’expérience. Cette faculté donne la possibilité à l’individu d’effectuer un certain nombre d’opérations élémentaires et organisées qui lui permettent de comprendre et d’interagir avec l’environnement. Il peut s’agir d’opérations rendant possible : l’encodage perceptif, la mise en mémoire et le traitement des informations, la création de schémas de pensée, l’attention sélective, l’expression et la compréhension du langage, la faculté d’apprendre, le ressenti, la régulation et l’expression des émotions, la pensée logique. Ces facultés seraient des modules autonomes et interdépendants de l’intelligence, donnant une réponse spécifique et unique liée à leur caractéristique respective (Fodor 1986). C’est sur cette deuxième définition que le modèle d’intervention en autisme a été développé.
Le modèle clinique d’intervention
Le modèle clinique d’intervention a été développé par Roland Hifler dans les années 2000 en premier pour les enfants TSA. Aujourd’hui, il a été enrichi pour les adolescents et les adultes. Le programme est de nature psycho-éducative, développemental et cognitif. Il se situe au carrefour de la thérapie et de l’éducation. La démarche insiste sur l’importance de travailler les processus mentaux à la base de l’intelligence et d’y incorporer les aspects émotionnels.
Les bases théoriques
– La compréhension du syndrome autistique du point de vue neurobiologique, psychologique et du développement
– Le modèle cognitif du fonctionnement de l’intelligence et de l’affectivité
– L’éducation et la thérapie cognitive comme approche systématique de transmission des outils de fonctionnement de la pensée et du développement de l’intelligence
Nous considérons que tant que la personne avec autisme n’a pas pu mettre en place une organisation de la pensée fonctionnelle, le développement reste fortement perturbé et les apprentissages déficitaires et limités. Plus tôt le processus thérapeutique de réorganisation, de stimulation et d’intégration des structures de l’intelligence et l’affectivité sont pris en charge, plus grandes sont les chances de recouvrement et moins dommageables sont les effets du handicap sur le fonctionnement de la personne dans son environnement.
Les buts pédagogiques et thérapeutiques
– Développement de la capacité d’apprentissage : Observation, prise d’information simultanée et intégrative, imitation, pensée logique, pilotage des conduites et maintien, élaboration et organisation, extraction de sens
– Travail de la régulation émotionnelle et établissement de l’échafaudage émotions intelligence, soutien et développement de l’intentionnalité
– Stimulation des conduites mentales, mise en connexion et maintien
– Enrichissement du langage et de la fonction communicative, les cercles de communication et le langage actif, flexibilité des productions, passage du mode communicatif aux élaborations plus complexes, pensée créative
– Développement des compétences relationnelles et sociales